Le Journal du Laserdisc et des Passions
EN PLEIN DANS LA CIBLE AVEC CLINT !
DANS LA LIGNE DE MIRE

Franck Horrigan

Clint Eastwood

Mitch Lear

John Malkovitch

Lilly Raines

Rene Russo

Les qualités d'un film policier se calquent sur celles du rôle du scélérat numéro un, et "In The Line of Fire" en possède un aux talents machiavéliques hors du commun. Un personnage intelligent, répugnant s'insinue dans le psychisme du héros, un vétéran du Secret Service Franck Horrigan, et réveille ses démons du passé. L'horrible criminel, qui aime jouer avec l'esprit de ses adversaires, est l'auteur d'une série d'appels téléphoniques menaçant d'assassiner le Président des Etats-Unis. Il choisit Horrigan parce qu'il sait que cet agent se sent toujours responsable de son impuissance à sauver la vie de John F. Kennedy, assassiné trente ans auparavant.

Le tueur porte un nom tout à fait américain, Mitch, et John Malkovitch joue un homme astucieux, à l'esprit tordu qui utilise plusieurs déguisements, et se débrouille pour s'approcher insidieusement du Président. Il dévoile plus ou

moins ses projets à Horrigan, mais Horrigan se fatigue à suivre les pistes et ressent le poids de ses cinquante ans. Le Président est candidat à sa réélection, aussi son directeur de cabinet ne souhaite pas qu'il évite les bains de foule. Après de fausses alertes déclenchées par Horrigan, il est éloigné de la protection rapprochée du Président, et doit enfreindre le règlement pour suivre la piste de Mitch.

Globalement, "In The Line of Fire" suit un scénario semblable à ceux des "Dirty Harry", dans lesquels un tueur psychopathe joue au chat et à la souris avec le flic de service, qui est démis de ses fonctions, mais continue en "free-lance" à traquer l'assassin, aidé par un loyal partenaire. Ce film nous fournit même un adjoint typique pour Clint Eastwood, une femme agent secret jouée par Rene Russo, sérieuse et endurcie, mais pouvant tomber amoureuse du héros.

En dépit de ses éléments familiers, cependant, "In The Line of Fire" n'est pas un remake, mais un superbe thriller, intense et bien joué. Un des meilleurs films de Clint Eastwood depuis "Tightrope" (1984). Le metteur en scène, Wolfgang Petersen, ("Das Boot") est à l'aise pour remonter l'intrigue comme un mécanisme d'horlogerie, tout en nous présentant des personnages agréablement sympathiques.

Horrigan, l'agent du Secret Service, ne cesse

de se reprocher l'assassinat de Kennedy. Il pense qu'il aurait pu, d'une façon ou d'une autre éviter le drame. Mitch, qui a fait ses recherches, sait tout à propos d'Horrigan, et se glisse insidieusement dans son esprit, lui distillant quelques répliques empoisonnées. L'attentat devient vite un match entre les deux, mais c'est Horrigan qui apparaît comme l'outsider, et il doit protéger le Président à la fois contre sa volonté et contre celle de son ambitieux chef de cabinet.

Rene Russo, l'agent spécial Lilly Raines, joue un rôle d'amante et d'associée. Sa relation avec Horrigan débute plutôt fraîchement, quand il prononce un discours sexiste, accusant essentiellement son service d'employer des femmes uniquement pour l'image de marque. Mais, graduellement leur respect l'un pour l'autre s'affirme et il y a un moment magnifique lorsqu'ils admettent être attirés l'un vers l'autre.

Pendant ce temps, l'intrigue progresse implacablement. Horrigan prend tous les indices que Mitch lui fournit, utilise son intuition et son expérience, transgresse les règlements de l'Agence quand c'est nécessaire, et se trouve finalement face à l'ultime épreuve, celle que tout garde du corps peut rencontrer, recevoir la balle destinée au Président.

Eastwood est parfait dans ce rôle, d'homme mûr, aux sentiments pro

fonds. Il bénéficie de l'extraordinaire performance de John Malkovitch, calme, méthodique, habile et capable de se frayer un chemin près du Président, avec une arme ingénieuse. L'ambiance du film est excitante, non seulement à cause de l'action, mais aussi du fait de sa logique sans faille.

Ce qui est surprenant, c'est le temps que le film trouve pour de petites touches de détails réalistes et d'émotions. Les dialogues entre Eastwood et Russo, sur le jazz, le travail, la stratégie et la romance, semblent réellement sorties du quotidien des gens. Les lieux de tournage sont convaincants, surtout à bord de l'avion présidentiel "Air Force One", et à l'intérieur de la "Maison Blanche". Les effets spéciaux insèrent un jeune Clint Eastwood dans les traces de Kennedy à Dallas en 1963. Cela renforce le besoin profond de son personnage de tenter le tout pour le tout afin d'éviter le nouvel attentat qui lui semble inéluctable.

De nos jours, la plupart des thrillers nous proposent des cascades et de l'action. "In The Line of Fire" possède une âme.

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